Retour sur le développement de l’écriture amazighe en Afrique du Nord
Les librairies locales exposent rarement des textes écrits en tarifit (…) Les bibliothèques scolaires s’efforcent à ne pas en acquérir, les militants méconnaissent les œuvres éditées et personne n’en parle dans les cafés. Les tirages sont modestes, les recueils de poésie, les romans et les pièces de théâtre ne se vendent pas bien : la distribution est presque inexistante. Tout cela constitue la preuve évidente qu’une littérature est, avant tout, minorée par ses propres parlants”. Comme il existe d’autres causes que l’auteur désigne par la notion de “communauté minorée” ou de “culture minorée”, investissant ainsi les champs historique, idéologique et politique. Reconnaissant que le chemin est long “pour consolider le système des références nord-africaines”, Hassan Banhakeia pose les jalons d’un épanouissement de la littérature tarifit et amazighe en général : “Dans les œuvres publiées, il y a un cheminement à s’écarter de l’empreinte de l’oral, à réduire le flux des emprunts souvent dérangeants dans l’établissement et parfois signe d’aliénation. Le jeune écrivain montre non seulement de la vitalité, mais prend conscience de l’importance de la tradition locale.”
Le chercheur avertit : “Cette façon de se réapproprier l’héritage ne peut se réaliser seulement par l’usage de la langue primaire. Elle se précise aussi en un intérêt constant pour les trois genres consacrés : le roman, la poésie et le théâtre.” L’autre espoir viendrait de la traduction qui ferait entrer tamazight dans le monde des lettres. En conclusion, affirme Hassan Banhakeia, “mémoire et histoire ne s’opposent pas, mais elles se distinguent l’une de l’autre. Si la mémoire préserve la parole, l’histoire se met du côté de l’écrit (institutionnel). Précisément, la mémoire énumère les contes, les légendes, les distiques et les fables (oralité). Par contre, l’histoire ne peut retenir tout cela : elle est fixation (officielle, institutionnelle) des normes”.
Par Ali Bedrici
Source: Liberté
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